Les News de Dominik

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ETUDE DE CAS | Portraits d’antiquaire

Certaines rencontres vous inspire plus que d’autres. Ce fut le cas il y a quelques jours lors d’un tout nouveau projet que l’on m’a confié.
Missionné sur la partie photo par Fabienne Germain (Mad’inFa) une graphiste de talent de la région Beaujolaise, je devais réaliser une série de visuels pour un antiquaire local, J&J DEGOTTEX, afin de présenter son métier et alimenter sa banque d’images. La matière produite – sous forme de reportage – devait permettre d’illustrer à terme leurs futurs supports de communication : plaquette, web, cartes,… Dans le cahier des charges, il était par ailleurs prévu de concevoir une série de portraits. Autant unis dans la vie (père, mère, fille) que dans la passion d’un même métier, nous tombâmes d’accord – et quasi instinctivement – sur une mise en scène originale et thématique.

Roughs de chacune des scènes avec quelques annotations

J’ai pour habitude, après un brief, de me projeter immédiatement dans le visuel attendu et de coucher sur le papier mes idées. Je travaille généralement, lors de conceptions complexes, à partir de croquis (roughs). C’est pour moi plus simple de définir par la suite l’organisation d’un tel shooting.
Une fois arrivés à maturité, j’ai soumis mes crayonnés à Fabienne qui, après quelques réflexion sur le stylisme final, décide de les présenter tels quels au client. Notre proposition rencontra un vif succès et fût acceptée telle quelle.
Un projet qui accueille dès les premières ébauches une telle adhésion est plutôt agréable à vivre, pour ne pas dire jouissif. Sans vouloir faire référence à une boisson énergisante, on peut dire que cela vous fait pousser des ailes ! 🙂

Etape 1 : validation de la conception

Avec Fabienne, nous commençons par élaborer chacun de notre côté une pige sur les habits et accessoires que l’on utilisera pour la conception de ces 3 univers. Je m’appuie sur elle, sur la connaissance de ses clients, afin de cerner au mieux leur métier mais aussi leur personnalité. A partir de l’idée originelle de Fabienne, nous définissons trois personnages :
Lucille, pratiquant l’équitation, électron libre de la famille, devient « la cavalière téméraire ».
Joëlle, effectuant la restauration de fauteuils ou canapés, jouant sur l’harmonie des tissus, se retrouve en « couturière distinguée ».
– Quant à « Jo« , le patriarche, celui qui part dénicher les pièces rares, transporte et restaure les meubles devient « Le chasseur de trésors ».
Coté stylisme, vêtements comme meubles, on s’appuiera sur l’immense richesse de leur stock professionnel ou de quelques affaires personnelles. Seule entorse : les habits de Joëlle que nous avons défini, trop stylés et loin de ses habitudes vestimentaires, seront loués auprès des costumiers de l’Opera de Lyon. Un régal.

Etape 2 : le jour « J »

Nous sommes mardi matin, 8h30. Notre terrain de jeu – en plein Beaujolais – est une ancienne grange attachée à la propriété de la famille. Deux espaces vides nous ont été alloués. Fabienne s’attelle immédiatement à composer le premier décor pendant que j’installe le matériel d’éclairage et l’équipement photo.

Une SoftBox Octogonale Rotalux Elinchrom (ø135cm, sur la gauche) et un bol avec grille nid d’abeille et une gélatine jaune (arrière gauche, à 3.20m de hauteur) composent mon éclairage de base. Je prend soin d’éliminer par des draps noirs toute intrusion de soleil par quelques ouvertures qui, ce jour là, a décidé de nous gratifier de ses plus beaux rayons. Je positionne un réflecteur argenté en opposition de mon sujet (droite avant) afin de déboucher certaines parties de la silhouette. (voir en fin de cet article le plan technique)

La première mise en scène nous impose de suspendre un énorme lustre. Il faudra presque 3 personnes pour le manier. Cela restera une des manipulations les plus délicates de cette composition, sachant qu’il faudra à plusieurs reprises le monter et descendre afin de lui réserver la place la plus harmonieuse dans l’image.

Mon appareil est placé sur pied. Cela facilite le cadrage en cours et évitera, lors des prises de vue, tout flou de bouger.
Je me dois de préciser que j’utilise dans le cas présent mon fidèle NIKON D4s. Manquant de recul, j’utilise le 35mm-f/1.4 NIKKOR, une de mes optiques préférées. Afin de garder une homogénéité dans l’ensemble, je conserverai cette optique pour les vues d’ensemble. Sur la série de portraits serrés, le 50mm-f/1.4 ART de SIGMA lui sera préféré afin d’éviter quelques déformations et surtout resserrer le cadrage de l’arrière-plan.
En plan large, le choix d’une petite ouverture se justifie par la volonté d’avoir une grande profondeur de champ (f/6.3 – ISO 160 – 1/160e). Sur les portraits resserrés, un filtre ND me permet d’ouvrir un maximum afin de faire disparaitre l’arrière-plan et de mettre en avant le sujet (f/2.2 à f/3.2 selon la distance – ISO 200-250 – 1/200e environ).

Pendant ce temps, Lucille est dans les mains expertes de Ness, notre maquilleuse et coiffeuse pro. Elle s’adapte au style que nous lui imposons, harmonise l’ensemble de son travail aux vêtements et à la morphologie des personnes. C’est aussi une étape importante de ce type de projet. Certains détails (mèches, renforcement du maquillage, retouches…) sont réglés sur place alors que je commence mes premiers essais lumières.
La scène est soigneusement ordonnée : chaque élément est positionné avec soin, et l’attitude de Lucille est dirigée afin de coller aux croquis de base. Le plus délicat : l’entrée en scène de Chippie, la chienne. Obéissante, elle prend la pose. Une vraie pro.
Je déclenche. Après concertation, nous effectuons quelques subtiles et ultimes modifications et proposons différentes poses (plan large et serré). 20-25 mn plus tard, tout est dans la boite !
Il nous aura fallu, en incluant la préparation, un peu plus de 4h pour réaliser cette première scène.

« Lucille, la cavalière téméraire »

Etape 3 : passons à la suite, vite !

Fort heureusement, pendant mon premier shooting avec Lucille, le reste de l’équipe, dirigée par Fabienne, n’a pas perdu de temps : sur l’espace voisin, l’autre « univers » mettant en scène Joëlle (« la couturière distinguée ») est en cours de finalisation. « Seul » le transfert de mon matériel (éclairage, pieds, boitier, réflecteurs…) et les corrections de la scène en fonction de mon cadrage restent à faire. Même démarche que précédemment si ce n’est que nous nous passons de l’étape de tâtonnement de la recherche lumière. Il nous faudra néanmoins pratiquement 3h pour clôturer cette séance. Encore une fois, le soucis du détail est de mise comme vous pourrez le constater. Fabienne est une grande folle ;).

« Joëlle, la couturière distinguée »

Pour le shooting suivant, un gros impératif nous impose d’accélérer la cadence : nous devons plier notre équipement pour 19h. Il est déjà 17h… Nous ne perdons donc pas de temps et je saute de nouveau sur le premier plateau précédemment vidé et tout spécialement recomposé par de nouveaux accessoires et meubles afin d’illustrer l’univers de « Jo » : « le chasseur de trésors » ! Le sujet est – il faut le reconnaitre – particulièrement « facile ». Il prend magnifiquement bien la lumière, le « Jo » ! Ses grandes moustaches et ses attitudes sont sublimes. A tel point que quelques clichés suffisent à me conforter que nous avons déjà ce qu’il nous faut.
On a tout bouclé dans le timing prévu. Quelle joie !

« Jo, le chasseur de trésors »

Etape 4 : De retour au studio…

Ma méthodologie consiste toujours à travailler en amont et durant le shooting afin de limiter mes actions de traitement photo. La phase préparatoire est donc essentielle. Elle permet de gagner du temps lors de l’installation et de ne rien omettre le jour « J ». Je considère par ailleurs qu’une bonne photo studio se travaille avant et pendant la prise de vue. Une fois rentré au studio, devant ma station de travail, la partie post-traitement se réduit alors à un réglage fin des couleurs et des corrections de contraste. Bien sûr, je m’autorise à effectuer quelques retouches, uniquement dans certains cas extrême, mais elles sont plutôt rares ou très limitées chez moi. Je préfère – si cela reste possible – jeter et refaire une photo plutôt que de tenter de la sauver à tous prix. Question de principe et de logique.

Mais revenons à notre projet. Au bout d’une deuxième passe (tri photo du rush), Fabienne et moi-même arrêtons notre choix sur une très petite sélection de photos. Une fois le travail de calibrage et de chromie globale (afin de garder une unité entre les visuels), je propose les 3 clichés principaux à l’ensemble de l’équipe.
Il va sans dire que les premiers retours sont importants mais aussi peuvent se révéler cruels. Ils doivent pouvoir se faire de manière objective, sans l’affectif qui nous accompagne lorsqu’on y a participé intensément. C’est pourquoi nous devons toujours rester attentifs aux retours, aux réactions suscitées, et toujours faire preuve d’humilité.
Toutefois nous avons le droit d’exprimer notre entière satisfaction lorsque le résultat obtenu atteint voire dépasse nos ambitions. Reste à le voir s’intégrer par la suite dans les différents supports de communication prévus à cet effet pour finalement redécouvrir son travail et se convaincre qu’on a fait du « good job ».

Dans tous les cas, ce magnifique travail collectif aura eu pour mérite de nous avoir tous réuni autour d’un seul et même projet de création de portraits que je qualifierai de plutôt « original ». Et rien que pour ça, j’ai envie de crier « MILLES MERCIS ! » et de rajouter « A QUI LE TOUR ? »


Un immense merci à Fabienne (Mad’InFA) pour sa confiance et son redoutable feeling créatif.
Mes remerciements à DEGOTTEX pour leur accueil décontracté et leur confiance dans cette épreuve visuelle (une première pour eux).
Merci une fois de plus à Ness pour son talent et son professionalisme.
Merci à Chippie pour son charisme canin 🙂

©redits projet :
Concept visuel : Fabienne Germain Madeinfa & Dominik

Stylisme : Fabienne Germain Madeinfa
Make-up Artist & Hair Stylist : Ness Make-up Artist
Mobilier & accessoires : J&J Degottex
Art-Photographie : Dominik Fusina

 

Plan d’éclairage :

 

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